Depuis les hauteurs de notre terrasse brune
Humant deux, trois zestes iodés perdus dans l’air
Mes bras ballants frôlant d’un fauteuil le revers
Mirent des champs oisifs la mue au clair de lune.
Du balcon s’élance en contour sa jambe grise
Puissante et rugueuse, on vêtit sa peau d’agrume
Elle esquisse ce cadre incongru de bitume
Prêt à cueillir une nature vive, éprise.
L’épi de blé blanchit quand la nuit entrebâille
Inclinant sa tête fleurie selon la brise.
L’épient dans son dos tel un cerbère qui brise
Le ciel des platanes dressant une muraille.
Agrippant la vieille jupe d’une rivière
De leurs doigts encore vert tendre se chamaille
On ouït tout près dans ces longs roseaux la marmaille
Et de l’eau le la qui fuit telle une vipère.
Couvrant étendues les berges tièdes et sèches
Ourlées en tout recoin, des pieds de vigne amère
Tricotent, incisent de fines stries la terre
Où viennent parfois se blottir des boules blèches.
Chues la maladresse d’un jeune abricotier
D’à coups branlant jusqu’au bout ses pattes revêches
Secoue ces pelotes de laine orange et rêches
Ainsi folâtrent-ils eut vent d’un triolet.
David ALBERT
Textes parus dans la revue poétique Le journal à Sajat.